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Grand Orgue de l’église Saint-Nicolas – Toulouse

3 claviers et 30 registres

Daublaine & Callinet (1845) Poirier & Lieberknecht (1857) Maurice Puget (1944)

Restauration

Orgues Giroud Successeurs, Jacques Nonnet (gérant) (2002-04)

C’est un grand orgue de 3 claviers, pédalier à l’allemande, 30 jeux (1669 tuyaux) construit par la maison Daublaine & Callinet en 1844-45, dans un buffet néo-gothique de Louis Lacassin.
Cet orgue dit de « facture de transition » est doté de fonds calmes ainsi qu’un éclatant chœur d’anches servi par une belle acoustique. Il possède également des jeux à anches libres (euphone et cor anglais) typiques de cette période. L’orgue (sa partie instrumentale) a été présenté à l’exposition universelle de 1844.
Le répertoire est souvent à adapter car le récit ne possède pas de première octave, mais on y interprète les œuvres des compositeurs français tels que Boëly, Lefébure-Wély, Loret, Chauvet, Saint-Saëns mais aussi allemands : Brahms, Mendelssohn ou encore Rheinberger .
Il a été classé monument historique pour sa partie instrumentale le 4 mai 1987.

Texte de Matthieu De Miguel

Il a été classé Monument Historique pour sa partie instrumentale le 4 mai 1987.

À la Révolution, la paroisse Saint-Nicolas possède un orgue, ainsi composé :

1er clavier (48 notes, Do1 – Do5, sans Do#1) : Bd 8’, P 4’, Nz 2’ 2/3, D 2’, Tc 1’ 3/5, Lg 1’ 1/3, Fourn, Cymb, Tp 8’, Cr 8’

2e clavier (25 notes, Do3 – Do5) : Dessus de 8’, Bd 8’, P 4’, Nz 2’ 2/3, D 2’, Tc 1’ 3/5

Pédalier (14 notes, Do1 – Ré2, sans Do#1) : Fl 8’, Tp 8’

Jean-Baptiste Micot le classera parmi les orgues en mauvais état dont les buffets sont médiocres et les jeux de mauvaise harmonie !

En 1787, un orgue fut signalé dans l’église St-Nicolas, la foudre ayant frappé le clocher. An IV du calendrier révolutionnaire (1796), Jean-Baptiste Micot facteur d’orgues place St-Sernin, « procéda à l’inventaire des orgues appartenant à la République ». Pour St-Nicolas, il décrivait un instrument à deux claviers et pédale faisant parler 19 jeux d’un « son criard et de mauvaise harmonie ». L’abbé Jean Foix, lui, racontait que dans l’église fermée au culte, « des agapes fraternelles réunissant les patriotes…, l’orgue accompagnait les refrains révolutionnaires ». Un nouvel orgue s’avérait donc nécessaire. Décision serait prise sous la Monarchie de Juillet.

Dans les années 1840, on ne savait plus à Toulouse ni réparer, ni construire un orgue véritablement. Les Dom Bedos, Isnard, L’Épine, Rabiny… étaient sans successeur. Depuis 1833, le Toulousain Aristide Cavaillé-Coll suivi de son père Dominique et de son frère Vincent avaient quitté l’atelier familial rue des Récollets pour honorer la commande de Saint-Denis près de Paris.

Par ailleurs, année 1843, la Maison Daublaine-Callinet de Paris s’était vu confier la restauration de l’orgue de St-Paul à Auterive, traitait pour la reconstruction des orgues de St-Jacques à Montauban, de la basilique St-Sernin, de Cintegabelle. Or, pour tous ces chantiers, le délégué de Daublaine-Callinet était Émile Poirier demeurant à Cintegabelle ! Signalons qu’il avait appris la trompette à l’École royale de Saumur, qu’il avait chez un imprimeur utilisé l’alliage typographique plomb-étain qui sont les composants des tuyaux d’orgue, et qu’il en était devenu le spécialiste dans la manufacture. Ainsi, dans ce contexte de travaux multiples de Daublaine-Callinet, Émile Poirier s’avérait un acteur incontournable, et tout désigné pour l’orgue de St-Nicolas !

Quand à Paris s’ouvrit en mai 1844 l’Exposition aux Champs-Élysées, la dixième du genre, L’Illustration, Journal universel, soulignait : « Daublaine-Callinet soutient dignement sa réputation. On sait que M. Barker, un des chefs de la Maison, est parvenu à rendre les claviers aussi doux au toucher que ceux des pianos… L’orgue exposé est destiné à l’église St-Nicolas de Toulouse ». Un buffet provisoire de présentation avait été nécessairement utilisé pour l’événement.

Un devis fut remis à la fabrique par Félix Danjou, organiste de la cathédrale de Paris, montant 25 000 francs (salaire d’un forgeron 3 fr/jour). On spécifiait que « le buffet était aux frais de la fabrique d’après un dessin présenté par la Maison Daublaine-Callinet ». Il y aurait l’avis obligé de l’architecte de la ville de Toulouse, Louis Delor 6 rue des Filatiers, pour les plans de la tribune à construire et son accord pour les ouvrages de sculpture clochetons, fleurons… Ces plans n’ont pas été retrouvés à ce jour. Mais on peut être assuré que le buffet d’effet gothique qui abrite la partie musicale venue de Paris, buffet confectionné par les Toulousains Louis Lacassin ébéniste, les Lupin et Rouzet sculpteurs, reflète sans aucun doute le plan initial parisien complété par Louis Delor. Le Journal de Toulouse du 17 décembre 1844 « adressant des éloges à l’architecte, signalait que l’orgue était terminé. On avait pu l’entendre le 16 ». Et il y a tout lieu de penser que l’harmonie était d’Émile Poirier, personnage central.

Tandis qu’à Toulouse le 16 « on remarquait les splendides ressources de l’instrument », un terrible événement survenait même jour à Paris. La nouvelle arriva à Toulouse par le Journal du 20 : « Le nommé Barker, contre-maître de la Maison Daublaine, occupé à réparer le clavier de l’orgue de St-Eustache, a mis le feu par mégarde avec la lumière dont il se servait… En un instant, l’orgue tout entier s’est trouvé embrasé… ». Cet instrument Daublaine-Callinet était celui à voir sur place mai dernier 1844 à l’Expo, concurremment à l’orgue de St-Nicolas sur le stand ! _ L’inauguration de St-Nicolas par Alfred Lefébure-Wély de St-Roch allait être reportée au 28 février 1845 (« l’auditoire fut ravi lorsque le savant artiste exécuta “L’Orage” ») ; la réception fut en mars. Ce même mois, la Maison Daublaine-Callinet était rachetée par Ducroquet. Émile Poirier quittait l’entreprise, tout comme Frédéric Jungk et Nicolas Lieberknecht, et dorénavant « Messieurs les ecclésiastiques qui auraient quelques commandes à leur faire n’avaient qu’à s’adresser place St-Aubin », précisait La Gazette du Languedoc du 5 octobre 1845.

En 1857, la fabrique de St-Nicolas fut « prévenue que l’orgue après douze ans présentait des imperfections qui ne tenaient pas à sa construction primitive, mais à l’effet habituel du temps… On pouvait compléter l’instrument par l’addition de jeux dont la prévoyance du facteur avait laissé de la place sur les sommiers… ; la soufflerie était à modifier… ». Le travail revint naturellement à Émile Poirier ! En 1868, « les Sieurs Poirier et Lieberknecht faisaient ressortir un devis de réparations à effectuer, (car) l’installation de l’orgue remontait à 1844 : rupture de plusieurs soufflets, poussière paralysant des jeux… ». Poirier partait en retraite vers 1880 (1887 décès). Les Puget prirent la relève : 1857 Jean-Baptiste, Maurice 1919. De 2002 à 2004, restauration par les Orgues Giroud (inauguration 11 mars 2005 par Stéphane Bois et Michel Bouvard).

Texte de Michel Evrard

Positif intérieur

54 notes

Flûte 8’

Bourdon 8’

Salicional 8’

Salicional 4’

Trompette 8’

Euphone 8’

Tremblant

Grand Orgue

54 notes

Bourdon 16’

Flûte 8’

Prestant 4’

Doublette 2’

Fourniture II

Cymbale III

Cornet V

Trompette 8’

Clairon 4’

Récit expressif

42 notes au clavier 54 au sommier

octave aiguë réelle pour les trompettes, la Flûte 8’ et la Flûte harmonique 4’

Flûte 8’

Clarabella 8’

Gambe 8’

Flûte harmonique * 4’

Octavin 2’

Cor Anglais 16’

Trompette * 16’

Trompette * 8’

Hautbois 8’ (au Fa2)

Voix humaine 8’

Tremblant

* jeux à forte pression : 145 mm

Pédalier

30 notes

Flûte 16’

Flûte 8’

Bombarde 16’

Trompette 8’

Clairon 4’

Pédales de combinaisons

Tirasse G.O.

Pos. / G.O.

Anches Pos.

Pos. / G.O. 16’

Anches G.O.

Expression Réc.

Anches Réc.

Réc. / G.O. 4’

Anches Péd.

Réc. / G.O.

Informations complémentaires

Console en fenêtre Mécanique à balanciers avec Barker au G.O.

Informations complémentaires

Diapason : La = 448 Hz à 18C Tempérament égal

 

Fiche instrument