Orgue
Disparition de Jürgen Ahrend
Cet été, une des figures marquante de la facture d’orgue, Jürgen Ahrend, est décédée.
Son nom est indissociable du développement de la musique ancienne dans la deuxième moitié du XXème siècle.
Ses restaurations d’orgues anciens l’ont fait connaître dès les années 60’ et il s’impose rapidement comme une référence en matière de restauration d’orgues baroques, surtout de tradition allemande.
Il est aussi un des premiers facteurs d’orgues à proposer des orgues neufs construits à l’ancienne.
Cette redécouverte d’un monde sonore perdu constitue un choc pour toute une génération de musiciens. En France, deux instruments attirent tous les regards: d’abord l’orgue de style français construit pour la communauté de Taizé en 1974, puis surtout l’orgue de style nord-allemand construit dans le musée des Augustins de Toulouse en 1981 à l’instigation de Xavier Darasse, un instrument qui va marquer les esprits.
Combien d’organistes ont témoigné de l’émotion procurée par cet orgue ? La phrase la plus entendue: « je pouvais passer une heure à jouer le seul Principal de 8’ ! ». En effet, l’une des caractéristiques des orgues d’Ahrend est l’extrême soin apporté à la finition du son. Chaque registre semble posséder une personnalité propre et pourtant tous les timbres se mélangent entre eux d’une façon formidable.
Avec le recul l’orgue des Augustins est un des exemples les plus qualitatifs de « l’orgue baroque des années 80 »: un instrument aux claviers très légers, destinés à favoriser une articulation claire et distincte, un son transparent, tourné vers la polyphonie.
À ce titre, on le qualifie souvent d’« orgue historique », même s’il ne peut prétendre à ce titre de par son âge. Mais c’est un orgue qui a fait et qui est rentré dans l’histoire de l’orgue, comme son facteur que nous regrettons aujourd’hui.
— Yves Rechsteiner
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