Festival
Entretien avec Christopher Gibert et Thomas Ospital
Le Souffle de l’âme : échos, échanges et accompagnement entre un chœur et un orgue
Entretien avec Christopher Gibert et Thomas Ospital
Le Chœur de Chambre Dulci Jubilo a vu le jour en 2013, à Toulouse, sous l’impulsion de Christopher Gibert qui en est le chef de chœur. A l’image de sa proposition artistique pour cette 28ème édition du Festival, le Souffle de l’âme, cette formation aspire à renouveler les formes musicales tout en conservant une forme de justesse dans ses interprétations du répertoire de musiques anciennes. C’est en 2014 qu’il se produit aux côtés de l’organiste Thomas Ospital pour la première fois, à l’occasion de la création du Stabat Mater de Christopher Gibert, qui s’est par la suite mué en album. Pour le Festival, Thomas Ospital et le chœur proposent un programme original dans la continuité de cette collaboration..
Interview :
- Pourriez-vous me parler du répertoire choisi pour Le Souffle de l’âme ?
Christopher Gibert : « L’idée était de réunir les œuvres du compositeur contemporain Thierry Escaich avec les œuvres romantiques allemandes de Brahms. En même temps, c’était l’occasion de faire une sorte de genèse des sources d’inspirations de l’œuvre de Thierry Escaich en partant de motets de la renaissance de Gesualdo et di Lasso. Et finalement, par le contrepoint, par une inspiration plus ou moins lointaine, cette musique dialogue avec le reste du programme. J’ai hiérarchisé le programme à travers plusieurs états émotionnels : la joie, la douleur, l’espoir et la naissance. Ces quatre parties s’enchainent grâce aux d’improvisation. »
Thomas Ospital : En plus des improvisations à l’orgue, il y aura également une pièce d’orgue de Thierry Escaich, l’Évocation IV, qui faisait partie du programme qu’on a enregistré récemment. Ce concert sera aussi composé d’une partie de l’enregistrement que nous avons réalisé cette année, adapté au format d’un concert. Nous voulions qu’il y ait une histoire qui soit racontée à travers les œuvres jouées, qui sont d’époques très variées. Il nous fallait construire un discours autour de ce programme pour que, malgré sa diversité, le public puisse nous suivre et nous accompagner pendant le concert.
- Pourquoi ce titre Le Souffle de l’âme ?
C.G : « C’est l’âme des deux instruments : le chœur et l’orgue qui nous emporte dans un seul souffle pour magnifier la pensée de Thierry Escaich. Le « souffle de l’âme », c’est aussi ce courant, ce dialogue entre les œuvres du programme. C’est ce souffle continu qui nous porte, de la renaissance à nos jours. »
- Quelle est la relation entretenue entre le chœur et l’orgue dans ce programme ?
T.O : Le rôle de l’orgue dans ces pièces est très important : sa partie est presque orchestrale et extrêmement développée. L’orgue ne se cantonne pas à un rôle d’accompagnement : il est un protagoniste à lui tout-seul, il est un deuxième chœur en soi. Le programme est un dialogue, un soutien, une sorte de conflit entre ces deux éléments. On est donc vraiment dans l’idée qu’on a deux protagonistes qui sont finalement au même plan et qui doivent apprendre à vivre ensemble, à cohabiter, à fusionner, à se détester !
Cela dit il y a une petite exception avec la messe de Brahms qui est un accompagnement dans ce qu’il y a de plus simple et de plus modeste.
C.G : « Effectivement, dans les œuvres de Thierry Escaich c’est un orgue en dialogue. Dans la Messe Romane, par exemple, nous avons quasiment trois chœurs : les doubles chœurs de voix avec le troisième chœur qui est en quelque sorte l’orgue.
- Quel travail spécifique de la matière sonore avez-vous entrepris pour le concert ?
T.O : Ça va beaucoup dépendre du moment. La fusion entre la voix et l’orgue ne naîtra qu’une fois que je prendrais connaissance de l’instrument sur lequel je vais jouer, qui sera notamment l’orgue l’Explorateur, pour l’accompagnement du chœur et pour l’Évocation IV : ça va être une surprise !
On doit chercher l’équilibre : on a d’un côté un idéal sonore qu’on construit par ce que l’on a dans notre inconscient, dans notre culture, dans nos propres goûts; et de l’autre il y a tout un travail d’adaptation avec le chœur afin d’être sûr qu’au moment de l’enregistrement la dynamique lui conviendra. C’est un peu difficile de parler de ce travail sans être dans le concret de la répétition ou du concert : il y a toujours une envie de fusionner sur le moment donc… je vous donne rendez-vous au concert ! »
Pour aller plus loin :
- Réserver le Concert d’ouverture ici : Mercredi 4 octobre, 20h à la Basilique Notre-Dame de la Daurade
- Le 10 novembre 2023 : sortie officielle du Souffle de l’âme dans les bacs
- Site internet du Chœur de Chambre Dulci Jubilo et de Thomas Ospital
- Écouter la dernière collaboration du Chœur et de Thomas Ospital sur Spotify
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