Orgue

Les orgues mobiles

publié le 11 août 2021

Permettre au plus grand nombre de découvrir l’orgue à tuyaux est une interrogation que se posent de nombreux organistes.
Parmi les réponses proposées, celle d’aller à la rencontre des publics dans les salles de concert et lieux dépourvus d’orgue avec des instruments mobiles. Mais rendre mobile un instrument qui est souvent un monument à l’intérieur d’un monument n’est pas chose facile.
Si des petits instruments (dits « positifs ») existent pour l’accompagnement, des orgues transportables de plus grande taille sont rares car ils soulèvent de véritables défis tant du point de vue de la construction que du rendu sonore ou de la mobilité.

Malgré cela, plusieurs organistes du XXe siècle ont fait construire leur propre orgue transportable: Pierre Cochereau, Xavier Darasse, Philippe Lefèvre. Ces instruments, construits d’une pièce, restaient très difficiles à déplacer et d’un usage musical encore limité.

En parallèle, Jean Guillou imagine un instrument beaucoup plus important constitué de plusieurs modules reliés entre eux, « l’orgue à structure variable », mais qui ne sera jamais construit.
Symboliquement, c’est un ancien élève de Jean GuillouJean-Baptiste Monnot, qui concrétise le rêve du maître en réalisant lui-même «   l’orgue du voyage » : un orgue composé de plusieurs modules de taille réduite, tous reliés à une console de 3 claviers et pédalier, sur laquelle l’organiste peut disposer grâce à l’électronique, de l’équivalent des ressources sonores d’un orgue de taille moyenne.
Le public de Toulouse les Orgues a pu découvrir cet orgue en 2018 au couvent des Jacobins et en 2019 à la Halle au Grains ou au Théâtre de la Cité à Toulouse.

A la suite de cela, l’organiste Henri-Franck Beaupérin a lancé la construction de son orgue mobile – « l’orgue Gulliver » – par les ateliers Robert de la Chapelle-sur-Erdre (44). Un instrument que le public pourra entendre cette année lors de deux concerts très différents : à la Halle aux Grains, en duo avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse dans l’Ad Nos de F . Liszt et au centre culturel Théâtre des Mazades, lors d’un concert orgue et accordéon autour de Piazzolla.

Un troisième instrument de ce type sera en résidence permanente à Toulouse dès 2022 : l’orgue « L’Explorateur » qu’Yves Rechsteiner est en train de faire construire par Jean Daldosso, Tony Decap et Gwennin L’Haridon.

 

Présentation de l’orgue Gulliver par Henri-Franck Beaupérin :

Jonathan Swift avait fait de son personnage Gulliver un aventurier qui, toujours trop grand ou trop petit dans les contrées qu’il traversait, réussissait par son habileté à s’y trouver finalement à son aise. Tel se présente également l’orgue mobile « Gulliver », instrument voyageur en quête de nouvelles formes de concerts et de spectacles, de nouveaux répertoires, de nouveaux publics.
L’utilisation de techniques innovantes a permis d’en dissocier les éléments et d’en réduire les dimensions afin de le rendre transportable, aisément disposable sur des scènes de configurations variées et en contact visuel et acoustique direct avec l’assistance.
Si le son provient bien des tuyaux d’un orgue authentique tel que nous l’ont légué des siècles d’artisanat d’art, leur souffle vivant gagne par cette nouvelle proximité une pureté et une franchise qui en renforcent la puissance émotive et permettront à l’orgue de dialoguer désormais plus familièrement avec d’autres ensembles musicaux, toutes barrières stylistiques rompues.
Les mécanismes internes, en revanche, ont cédé la place à une transmission informatisée. Le logiciel, compatible avec la norme MIDI, ouvre aux musiciens une fluidité et une variété dans l’emploi des timbres qui vont bien au-delà des usages auxquels les avaient habitués depuis des générations la pratique des instruments traditionnels de nos églises.
À l’auditeur qui découvre cet orgue à taille humaine, dont les vingt modules se présentent sur scène comme autant de personnages d’un dialogue théâtral, se dévoile, outre la console à quatre claviers, tout une mécanique jusqu’alors inconnue, une multitude de tuyaux de bois ou de métal de toutes dimensions et formes, horizontaux ou verticaux…
La chorégraphie immobile du jeu de l’organiste et le dialogue des sonorités sur les différents claviers, la spatialisation scénique du son, tout ceci est bien de nature à susciter une nouvelle perception de l’orgue par le public – et peut-être aussi par les musiciens eux-mêmes.

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