© Joe Vitacco

Festival

Loriane Llorca, « au service de la musique et de l’art »

publié le 9 octobre 2020

Loriane Llorca, jeune organiste, est de retour à Toulouse les Orgues ! Présente en tant que jeune talent les éditions précédentes, l’association a souhaité la soutenir et l’accompagner dans son début de carrière en la programmant à l’occasion du 25e Festival international, en duo avec la violoniste Magdalena Sypniewski. Elle revient sur son parcours, sa rencontre avec Toulouse les Orgues et ses envies d’avenir.

Comment t’est venue ta passion pour l’orgue ?

L : On me pose souvent cette question et je ne sais jamais trop comment y répondre.
À 3 ans, ma mère m’a inscrite à l’éveil musical où j’ai appris les différents instruments, notamment les claviers. Le piano et l’orgue, c’est ce qui me plaisait le plus. À 6 ans j’ai commencé le piano et à 8 ans l’orgue. Mon envie de jouer de l’orgue doit probablement venir de ma fascination pour le répertoire de la musique ancienne.
Cela dit, j’ai aussi découvert l’orgue à travers de vieux dessins animés !

As-tu grandi dans un milieu musical ?

L : Non, ma famille aime bien la musique mais ils ne sont pas musiciens. Mon frère, ma sœur et moi avons fait de la musique quand on était petit. Aujourd’hui, il n’y a que moi qui la pratique professionnellement.
On n’écoutait pas forcément de musique classique chez moi, ma famille aime bien la musique mais sans se prendre trop la tête. J’ai écouté de toutes les musiques quand j’étais petite : chanson française, flamenco, jazz, classique, traditionnel, mais aussi rock, metal, reggae, rap, électro et j’en passe. Le premier CD que j’ai acheté, par exemple, c’était Marylin Manson !
Aujourd’hui j’écoute encore vraiment de tout, je ne crois pas qu’on puisse être véritablement musicien sans s’intéresser à toute la Musique du monde.

À l’orgue, tu joues de tout ?

L : Je joue principalement de la musique du répertoire classique. J’aimerais bien jouer du jazz, mais il faut énormément de temps pour apprendre ce langage et l’improviser. Donc en attendant, je continue d’en écouter.
Plus jeune, je jouais les claviers dans un groupe de rock, c’était vraiment sympa !

Quelle est ta routine musicale ?

L : Déjà, je n’ai pas d’orgue chez moi. En général, j’ai accès à un orgue grâce au conservatoire de Paris. Lorsque j’étais à Toulouse j’avais accès aux orgues de la ville pour travailler, c’était génial. À Pau, ma ville natale, j’allais au conservatoire et on me prêtait les clés de quelques églises pour que je puisse m’entraîner. Sinon j’avais un piano synthétiseur chez moi.

J’imagine que ça doit être un peu frustrant de travailler sur un synthétiseur ?

L : Oui vous n’imaginez pas à quel point ! Donc j’allais tout le temps au conservatoire. Dès que j’avais une heure de libre au lycée j’y allais pour travailler.

Combien de temps travailles-tu par jour ?

L : Quotidiennement, entre 6 et 8h, c’est le rythme « conservatoire ». En vacances, un peu moins mais si je joue 4h par jour c’est déjà bien.

As-tu un orgue favori à Toulouse ?

L : C’est vraiment trop dur comme question !
Il y en a trois que j’aime beaucoup, celui des Augustins, de Saint-Sernin et de la Dalbade.
L’orgue des Augustins a une esthétique que j’aime passionnément, on peut passer des heures à jouer simplement sur la Montre 8’… mais quel chef-d’œuvre ! D’ailleurs l’idée de partir étudier à Amsterdam, où je fais un Erasmus en ce moment, m’est venue durant ces moment passer là-bas, en cours avec Jan Willem Jansen. C’est aussi aux Augustins que j’ai pris un de mes premiers cours avec Stéphane Bois. Je l’associe donc à un souvenir fort. Saint-Sernin c’est également un chef-d’œuvre et je me souviens de cours extraordinaires avec Michel Bouvard. Et bien sûr la Dalbade… ce sont des sonorités uniques, et un univers magique.
Du coup, je ne peux pas choisir, désolée !

Pas trop déçue de jouer sur l’orgue de Saint-Étienne (pour les quartiers d’été) ?

L : (rire) Ah non mais il est bien aussi !
J’ai juste moins d’histoire et d’affinité avec lui, sûrement parce que je n’y ai pas passé autant de temps. Et en même temps, le lieu est génial, les escaliers le passage dans le vide… !

Comment as-tu entendu parler de TLO ?

Ayant fait mes études à Toulouse pendant 4 ans, j’ai toujours connu ce festival. Michel Bouvard, mon professeur d’orgue, en était le directeur artistique. Le festival est connu, mondialement et il est vraiment top !

L’an dernier, le thème du Festival était l’orgue au féminin. Quel est ton point de vue par rapport à cette disparité entre les hommes et les femmes dans ce milieu ?

L : On me pose souvent cette question, mais moi je n’y jamais vraiment réfléchi. En fait, si on parle de musique, on parle musique, point. Ça n’a rien à voir avec le genre, c’est mon point de vue !

Après, il est vrai qu’il existe une disparité mais elle est globale dans la musique et tous les métiers en général. Dans le milieu de l’orgue ça ne me choque pas parce que je trouve qu’il y a quand même pas mal de femmes. Il y a 50 ans, il y avait peut-être 2 ou 3 « superstars », maintenant c’est différent. Rien que dans ma classe c’est moitié-moitié.

Penses-tu que d’ici quelques années le visage de l’orgue va changer ?

L : C’est sûr que l’orgue doit continuer à trouver sa place dans le monde actuel, ce n’est pas évidement, mais les musiciens sont là pour l’aider à traverser les siècles.

Tu viens avec la violoniste Magdalena Sypniewski, un programme d’interprète 100% féminin. Cela a un rapport avec le sujet précédent ?

L : Non c’est plutôt un hasard, je connais plein de violonistes mais j’ai rencontré Magda en jouant une session d’orchestre avec l’orchestre de Paris, avec lequel j’étais en tournée. Elle faisait partie des trois jeunes formées par l’orchestre et nous avons sympathisé. Elle vient de Toulouse aussi donc ça créer des liens. C’est la première fois qu’on va jouer ensemble !

C’est donc toi qui lui as proposé de jouer en duo ?

L : Oui, à la base il y avait une autre programmation de prévue. Je devais jouer avec le chœur du Capitole mais ça a été annulé. Yves Rechsteiner a revu la formule et m’a proposé un duo. J’avais plusieurs idées comme jouer avec flûte ou trompette, mais j’ai préféré le violon.

Votre programme est à majorité romantique, pourquoi ce choix ?

L : Ce sont des pièces que nous aimons, tout simplement. Le répertoire orgue-violon est assez limité voilà pourquoi il y aura quelques transcriptions.
En fait, dans ce contexte social actuel si particulier, on voulait juste faire de la belle musique, accessible à tous et offrir une petite bouffée d’air frais.

Est-ce que ton public a évolué depuis le début de ta carrière ?

L : Ça dépend des endroits. À Toulouse il y a beaucoup de jeunes.
Je trouve que ces dernières années, le monde de la musique essaie de s’ouvrir à de nouveaux publics en faisant par exemple des présentations aux scolaires ou des avant-concert pour expliquer les pièces. Les idées se développent pour que la musique soit accessible à tous, c’est quelque chose qui me tient à cœur et sur lequel je travaille.

As-tu déjà fait des séances scolaires ?

J’ai déjà fait des présentations/ concerts au CNSM de Paris mais aussi à Levallois-Perret avec le conservatoire, ce sont des moments d’échanges passionnant. Ça m’avait beaucoup plu.

La pédagogie est quelque chose qui t’intéresse ?

L : Je finis mon master d’orgue cette année et j’aimerais enchaîner avec la formation en pédagogie et le certificat d’aptitude pour enseigner.
J’ai également un grand projet musical et pédagogique que je mets au point autour de l’orgue et l’organetto, un orgue médiéval portatif.

As-tu des projets d’enregistrement ? De partenariat ?

L : Bien sûr ! J’aimerais bien enregistrer un disque mais l’occasion ne s’est jamais présentée. J’ai aussi un projet de partenariat avec un oudiste (joueur de oud). Et si notre duo avec violon fonctionne bien, ça vaudrait le coup de le développer !

As-tu envie d’être titulaire d’un orgue et si oui lequel ?

L : Oui j’aimerais bien ! Un grand Cavaillé-Coll par exemple ou un grand orgue baroque. J’aimerais juste un orgue où je puisse m’exprimer comme je le souhaite et être au service de la musique et de l’art.

Pour finir, Saint-Sernin ou Saint-Etienne ?

L : Saint-Sernin

Baroque ou romantique ?

L : Baroque

Pain au chocolat ou chocolatine ?

L : Chocolatine, on est d’accord.

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